Atelier d'écriture !
Vous avez dit atelier d'écriture !
Mais que fait-on aux ateliers d'écriture et qui sont ces gens qui les fréquentent ?
Mystère et boule de gomme !




Aux ateliers Mot à Mot, les auteurEs fabriquent leur écriture. Et signent des textes littéraires d’un genre inédit, improvisés dans un élan de créativité et de performance; des textes vierges de séduction éditoriale ou de préoccupations commerciales.
Ici, vous découvrirez un travail de qualité qui ne doit pas rester clandestin. Vous rencontrerez des auteurEs, des styles qui s’inscrivent dans la diversité des ateliers.

9 mars 2011

Louisa Lenezet

Louisa Lenezet a grandi dans un ailleurs. En banlieue. Il y avait un café. Et derrière la cloison de ce café, il y avait Louisa avec ses sœurs et ses frères. Louisa a attendu longtemps avant de croire qu’elle pouvait écrire. Et nous séduire. Avec une écriture retenue traversée d’émotions qui nous touche juste à la pointe du cœur. Ses textes sont précieux. J’aime les donner à lire - Joelle Guillais



L’ESCALIER DE BOIS

Je me retourne, les images sont floues, embuées de sentiments, elles me traversent le corps, défilent de chaque côté de ma tête à reculons. Je passe au dessus du temps et je reviens à mes premiers pas pour retrouver l’odeur de l’escalier de bois. D’où venait-elle cette odeur de bois ciré ? Une énigme, car pour mes parents c’était une invention de ma part. L’appartement attenant au café était de plein pied ; chez Carmen la nourrice en Picardie où maman m’avait laissée dans mes premières années, l’escalier était en bois mais n’avait pas de rampe ; le mien si. Une belle rampe d’une propreté brillante, en bois de chêne légèrement piqué. J’escaladais les marches à quatre pattes et me dressais d’un bon pour examiner de la balustrade le va et vient autour de moi.
            Depuis, des escaliers j’en ai monté et descendu de toute sorte, mais jamais, jamais je n’ai retrouvé ce parfum si indéfinissable : il sentait la cire et le pain chaud, il sentait la douceur qui manquait à la maison et lorsque cette odeur monte et m’envahit, tout s’apaise et mon âme devient joyeuse.


ZERO ET RIEN

            Zéro en calcul, en français, zéro de conduite. Agrippe-toi au un ou au deux, lui disait-on le zéro c’est  rien.  Zéro c’est différent de rien, parce que son zéro à elle, il vaut quelque chose. Il fallait qu’elle en face des efforts, qu’elle se creuse la cervelle et l’autre lui dit que  c’était zéro. A non ! Il n’a pas dit que c’était zéro,  il a dit que çà ne valait rien. Elle sourit,  elle aime le rien,  pas le creux ni  le vide mais  le nu prêt à tout. Le nulle part entre le jour d’avant et le jour d’après c’est bon, ce n’est pas froid, pas glacial,  çà tient chaud.
             C’est facile le rien, plus facile que le zéro, elle vient de quelque part, on lui dit. Elle ne veut pas. On nait toujours de quelque chose où de quelqu’un. De la terre du ciel, de la mère et du père ? Elle ne veut pas. Alors tu ne laisseras rien ? Elle aimerait bien laisser, mais son père et sa mère qu’est-ce qu’ils lui ont laissé ? Ben la vie tient. Elle dit la vie, oui la vie, ce n’est pas rien. .
           
            Elle ne sert à rien ? Vous servez à quelqu’un où à quelque chose ? lui dit-on. Elle voudrait être une mouche qui se colle sur la confiture, se cogne les ailes contre la vitre et tombe. Alors plus rien, elle resterait au niveau zéro, au sous-sol ? Non, pas au sous-sol, elle aime la lumière.

2 commentaires:

  1. Continue à nous faire sentir l'odeur du bois.

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  2. Partir de zéro et à force de rien arriver à la lumière : c'est tout simplement fantastique.

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