Frédérick est directeur d'une société commerciale, enseignant et amateur d'écriture. Dans un emploi du temps chargé, il peut écrire ce texte qui ne manque pas de brio sur les ateliers d’écriture, avec en creux les échos de préoccupations politiques très actuelles.
Commissaire des mots
La nouvelle est tombée ce matin du Ministère de l’Intérieur : « Des contrôles seront effectués dans les ateliers d’écriture. Toute résistance est inutile. »
Il était temps que ces mesures drastiques soient mises en place, croyez-moi. Il y a trop de laisser-aller, de laxisme dans ces ateliers, et ça fait un moment que ça dure !
L’investigateur de ces contrôles, c’est moi. Je suis « Haut commissaire chargé de la cadence des mots ». La bienveillance de l’ancien gouvernement, c’est terminé !
Je vais tout planifier, tout normer, tout contrôler, ces ateliers d’écriture seront désormais le monopole de l’Etat, ces écrivains publics seront payés avec les deniers publics, finies les 35 heures des mots à demi-réfléchis, je lance la grande réforme pour l’augmentation des cadences de chaque écrivain.
Les auteurs seront désormais notés par leurs animateurs chaque trimestre et les rapports seront remis à mes services. Il faudra impérativement avoir des idées originales, écrire des textes rythmés, passer la barre des 10000 mots mensuels, utiliser un vocabulaire soutenu, bref j’exige du productif, du concret.
La nouvelle réforme sera mise en place dès la rentrée prochaine, des suppressions de postes seront planifiées, les écrivains publics décrépits seront mis à la retraite d’office. Place aux jeunes ! Nous ne pouvons plus faire face à la concurrence des pays émergents, nous sommes trop lents, trop râleurs, trop tire-au-flan.
Quoiqu’il arrive, je mènerai jusqu’au bout cette réforme du mot juste et percutant, des ateliers productifs et rentables, des écrivains ambitieux.
Moi, Haut Commissaire chargé de la cadence des mots, je mettrai les écrivains au pas !
Un très joli clin d’oil à la censure de nos systèmes politique moderne, on peut sentir le vent de révolution dans l'air !!
RépondreSupprimerTrès beau texte...!!!je me sens déjà pousser des mots....
Mike
Continue Frédéric ! j'aime beaucoup cette idée de l'application du jargon d'entreprise au domaine de la création. Du cynisme qui fait du bien et oblige à réagir.
RépondreSupprimerLa révolte d'un doux qui sait avoir la dent dure pour ne pas mâcher ses mots. Méfiez-vous des mots doux de Frédérik.
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