Atelier d'écriture !
Vous avez dit atelier d'écriture !
Mais que fait-on aux ateliers d'écriture et qui sont ces gens qui les fréquentent ?
Mystère et boule de gomme !




Aux ateliers Mot à Mot, les auteurEs fabriquent leur écriture. Et signent des textes littéraires d’un genre inédit, improvisés dans un élan de créativité et de performance; des textes vierges de séduction éditoriale ou de préoccupations commerciales.
Ici, vous découvrirez un travail de qualité qui ne doit pas rester clandestin. Vous rencontrerez des auteurEs, des styles qui s’inscrivent dans la diversité des ateliers.

20 avr. 2011

Djenane

Une écriture entre chien et loup : Djenane écrit si bien ces heures indécises où il ne fait plus tout à fait jour ni tout à fait nuit. Des mots parfois échappés du Liban, charnels souvent, sensuels toujours, des mots qui croquent des silhouettes et des rues. Et des sentiments en bordure, tout près de la rupture. On s'y love, on s'y plaît. (D. Marchand)

Ecoute-moi


Viens ! Ne dis rien. Commençons l’histoire à l’envers. Laisse nos coeurs se rencontrer. Ecoute! Laisse nos regards se dire, nos mains se parler, nos corps s’atteindre dans cette alchimie si rare entre deux êtres. Les corps parfois se reconnaissent. Ecoute nos souffles se parler sur le même rythme, nos lèvres se séduire, nos regards se pénétrer.
Accepte nos mutismes gorgés de mots si bien déchiffrés par nos corps.
Des mains s’entrelacent, deux bouches s’effleurent, des lèvres  s’embrasent, deux corps s’étreignent, vierges de toute mémoire, de toute douleur. Impose le silence à tes souvenirs et ne laisse pas les mots s’insérer dans cette communion des corps. Prolonge cette alliance sans maux, sans ces mots trop vite dits, interprétés et scellés par nos mémoires, qui finissent par gangrener les unions. Laissons tout entier nos deux corps dialoguer et se dire encore et toujours.
Les paroles viendront plus tard confirmer ce que nos corps ont su écouter tout de suite, ou alors, les mots ne viendront pas.
Restera alors le souvenir de deux êtres mis à nu, sans secrets et sans mensonges, deux êtres vierges de toute souffrance de la trahison des mots.

Viens ! Ecoutons ensemble les silences qui ne sont pas des blessures, les non dits qui ne laisseront pas de cicatrice.


Une parenthèse dans la nuit


Nous nous donnions rendez-vous à l’angle de la rue de Seine devant ce café qui abritait quelque fois nos rencontres. 
De loin, il m’arrivait de lire dans son regard l’inquiétude. Raide comme un piquet, les deux poings enfoncés dans son jeans, il cachait son malaise. Déjà, je savais. Je savais que  le temps qui nous avait séparé avait saboté les passerelles qui le reliaient au reste du monde.
Ces jours là, immanquablement, il me disait : viens ! Ne restons pas là. Je t’emmène de l’autre côté.  Et nous nous perdions dans les rues de Paris. Je ne connaissais rien de lui en dehors de nos rencontres. Ou si peu de choses. Il racontait, par bribes. Je reconstituais, comme je l’imaginais, ce que pouvait être sa vie en dehors de moi, dans cet espace temps dans lequel je n’existais pas. 
J’étais sa résidence temporaire, une bulle dans la nuit qui éclaterait au lever du jour et le rendrait à sa vie. Il était ma force vive d’un instant.  J’aurais voulu accepter, comprendre, me nourrir de ces nuits tendres et éphémères et le laisser repartir, sans colère, sans en demander plus. Pour lui, fusion d’un moment, pour moi, un interstice que j’aurai voulu infini. 
Au petit matin, un baiser furtif au coin de la rue de Seine, un au revoir peut-être sans lendemain, un premier métro, et, un texto : merci pour cette belle nuit avec toi.
Ces matins là, la terre perdait ses couleurs, son relief. Je retrouvais le vide.



3 commentaires:

  1. Comment ne pas se sentir touchée par "Ecoute-moi" ? Impossible de ne pas aimer ce texte. Merci Djé.

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  2. Merci pour ces beaux textes, peuplés d'ombres, d'autres et de ville

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  3. Tu parles bien d'amour. Merci.

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